Réseau Sahel Désertification, est composé de quatre plateformes nationales de la société civile au Burkina Faso (SPONG), en France (GTD), au Mali (GCOZA) et au Niger (CNCOD) et coordonné par l’ONG CARI. Il vise à améliorer la gestion durable des terres au Sahel, en renforçant et en mutualisant les capacités des acteurs intervenant sur le terrain (OSC, collectivités locales) et en mobilisant ces acteurs pour que leurs préoccupations sur les terres soient entendues et prises en compte par les instances de décisions internationales. Dans le cadre de ses actions de plaidoyer, le ReSaD s’est donc intéressé à l’ODD 15 sur la vie terrestre et plus particulièrement à sa cible 15.3 qui vise à atteindre d’ici 2030 un monde neutre en matière de dégradation des terres. La Convention des Nations Unies pour la Lutte contre la Désertification s’est positionnée sur la mise en œuvre de cette cible, et elle a demandé à ses pays partis de définir des plans d’actions pour atteindre la neutralité en matière de dégradation des terres, selon les trois indicateurs que sont :
- L’occupation des terres
- La productivité des terres
- Le stockage de carbone dans le sol
De son côté, le ReSaD cherche à mettre en lumière les initiatives portées par la société civile qui permettent de contribuer à l’atteinte de la neutralité, afin que ces organisations et leurs pratiques soient prise en compte dans la réalisation des plans d’actions nationaux et internationaux visant la neutralité. Le SPONG, qui représente le ReSaD au Burkina Faso a été impliqué dans les comités techniques et de suivi du processus d’élaboration du plan d’action NDT mené par le gouvernement en 2017. Ce plan d’action se fixe comme cible principale de restaurer d’ici à 2030, 5,16 millions d’hectare soit 19% du territoire national. Cet objectif est assorti de trois cibles spécifiques :
- Mettre un terme à la conversion des forêts en d’autres classes d’occupation d’ici à 2030.
- Améliorer la productivité dans les catégories d’occupation « arbustes, prairies » et « terres cultivées » en déclin soit 2,5 millions d’hectare.
- Améliorer les stocks de carbone sur 800 000 ha pour parvenir à un minimum de 1% de matière organique (apport de 5 tonnes de matière organique à l’hectare tous les 2 ans).
- Récupération de 300 000 hectares de terrains non viabilisés sur un total de 600 000 hectares.
Le gouvernement devra maintenant proposer des projets et programmes permettant d’atteindre ces cibles. Du point de vue du ReSaD, dans la conception de ces projets, il sera indispensable d’associer les organisations de la société civile et de s’appuyer sur leurs compétences en GDT, et leur connaissance des territoires. Il est également nécessaire de comptabiliser leurs actions, déjà menées à l’échelle des territoires et qui contribuent à l’atteinte des objectifs nationaux.
C’est ainsi que le ReSaD souhaite présenter l’initiative portée par l’Association pour la Protection de l’Environnement et le Développement Rural (APEDR), qui est membre du SPONG/ReSaD au Burkina Faso. L’APEDR accompagne des groupements féminins de la commune de Yako pour récupérer des terres abandonnées du fait de leur importante dégradation, et les valoriser pour la production de légumes biologiques.
Dans le cadre du projet PAFAO, en partenariat avec SOLIDAGRO, l’APEDR a formé plus de 200 femmes sur les techniques de production agroécologiques. La plantation de haies vives composées de légumineuses, l’aménagement de parcelle en zaï, l’association de culture maraîchère sous couvert de plants de moringa ont permis de récupérer les sols dégradés en limitant l’érosion. Les femmes ont également appris à fabriquer de la fumure organique et des produits de traitement biologiques.
L’accompagnement des femmes s’est poursuivi avec l’accès au marché, un premier contact a été pris avec l’organisme de certification biologique CNABIO. En attendant une certification des productions, des marchés de niche sont ciblés pour l’écoulement des premiers produits : orphelinats et restaurants à Yako. Une partie des feuilles de moringa est commercialisée à Ouagadougou, et même en France.
Enfin, l’intervention d’APEDR a intégré une composante nutrition avec la culture de la patate douce à chair orange, très nutritive pour les enfants, et la formation des femmes sur les aspects nutritionnels des préparations à base de feuilles de moringa et de baobabs. Un enjeu reste cependant à adresser, celui de la sécurisation des parcelles cultivées par les groupements féminins, nécessaire à la garantie de la durabilité de ce projet.
La production des légumes biologique permet donc à ces groupements de femmes de les commercialiser avec une plus-value, elle permet également d’améliorer l’état de sante nutritionnelle des ménages tout en restaurant la fertilité des sols par l’utilisation de la fumure organique. L’agroécologie constitue ici une réponse complète à l’ensemble de ces défis et contribue à la mise en œuvre de la souveraineté alimentaire, en proposant de nouvelles techniques innovantes et adaptées de production pour une agriculture résiliente. L’intervention de départ sur la restauration de terres dégradées, inscrite dans une démarche plus globale d’accompagnement de groupements de femmes permet d’obtenir des résultats en termes de développement économique et d’amélioration de la sécurité nutritionnelle.
Ce projet, en permettant de restaurer 6 hectares de terres dégradées et en proposant de les gérer durablement, contribue donc à atteindre des objectifs de Neutralité en matière de Dégradation des Terres (NDT) dans la commune de Yako.
Sayouba Bonkongou APEDR/SPONG/ReSaD et Manon Albagnac CARI/ReSaD
Site Web ReSaD: http://www.resad-sahel.org/