Séminaire de partage des connaissances de l’AI-CD en collaboration avec le CILSS

Le 1er mars 2022
Secrétariat de l’AI-CD

 

VUE D’ENSEMBLE

Suite à la conférence finale de l’AI-CD pour la Corne de l’Afrique intitulée « Partage d’expériences sur les impacts du réseautage, du partage des connaissances et de l’accès au financement » en août 2021, le séminaire de partage des connaissances de l’AI-CD pour la région du Sahel s’est tenu en ligne le 1er mars 2022, co-organisé par le Sénégal en tant que centre régional, le CILSS et la JICA. Ce séminaire a accueilli environ 45 participants composés des Points Focaux (PF) de l’AI-CD du Burkina Faso, du Cameroun, du Tchad, de Djibouti, du Mali, du Nigeria et du Sénégal ; des partenaires internationaux et régionaux dont le Centre international de recherche agricole dans les zones arides (ICARDA), le Centre de Suivi Écologique (CSE), SOS Sahel, le Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux (CNCR),le centre régional de la Corne de l’Afrique (point focal du Kenya) ; des représentants du ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD) du Sénégal, du Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS), de l’Institut du Sahel (INSAH), de la JICA et du secrétariat de l’AI-CD.

Le séminaire a été l’occasion d’une introduction aux connaissances et outils de lutte contre la désertification, notamment ceux compilés par le CILSS, d’un partage des connaissances sur les contenus liés à l’AI-CD mis en ligne sur le site Web, et de discussions entre les points focaux et les Partenaires techniques et financiers internationaux (PTFI) au cours desquelles il a été réaffirmé que les différentes techniques et technologies développées dans le cadre de la lutte contre la désertification doivent être partagées avec la population locale.

 

POINTS MARQUANTS DU SÉMINAIRE

M. Baba Ba, représentant du centre régional du Sahel et président de la cérémonie d’ouverture, a souhaité la bienvenue aux participants et a évoqué le rôle de l’AI-CD dans la prévention de la désertification. Il a souligné que le partage des connaissances est l’un des trois principaux piliers de l’AI-CD.

M. Masakatsu Komori,
Représentant en chef de la JICA Sénégal

M. Masakatsu Komori, représentant en chef de la JICA Sénégal, dans son discours d’ouverture, a souligné les événements importants suivants : le Forum régional du Sahel en mars 2022, la 15e session de la Conférence des Parties de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD COP 15) prévue en mai 2022, et la 8e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 8) prévue en août 2022. Il a souligné que le séminaire devait être considéré comme l’occasion d’examiner les pratiques utiles de partage des connaissances à adopter et à promouvoir par les pays membres pour favoriser la lutte contre la désertification.

Dr Mohamed Abdellahi Ebbe, Directeur Général de l’Institut du Sahel (CILSS/INSAH)

Le Dr Mohamed Abdellahi Ebbe, directeur général de l’Institut du Sahel (CILSS/INSAH), dans son discours, a exprimé sa gratitude au MEDD et à la JICA pour avoir fourni l’opportunité de partager les expériences du CILSS avec les pays membres dans le contexte actuel caractérisé par la variabilité du changement climatique ainsi que la dégradation de l’environnement naturel vulnérable. Il a également donné un aperçu des meilleures pratiques qui seront présentées par l’INSAH et les autres départements du CILSS au cours du séminaire, et qui sont composées d’un large éventail de données existant dans leur système de fonctionnement.

M. Baidy Ba, Directeur des Eaux et Forêts du MEDD et point focal de l’AI-CD au Sénégal

M. Baidy Ba, directeur des Eaux et Forêts au MEDD et point focal du Sénégal, a lu un discours au nom de M. Abdou Karim Sall, le ministre de l’Environnement et du Développement Durable du Sénégal (MEDD). Dans son discours, il a félicité l’initiative de l’AI-CD et le CILSS pour le partage de sa vaste expérience en matière de techniques et de technologies éprouvées pour lutter contre la désertification au Sahel. Rappelant les trois piliers de l’AI-CD, il a souligné que la mise en œuvre de l’initiative AI-CD nécessite la consultation, la communication et le renforcement des capacités de toutes les parties prenantes et, dans ce contexte, le séminaire a permis à toutes les parties intéressées de trouver des opportunités de réseautage, de partage des meilleures pratiques et d’amélioration de l’accès au financement.

 

(1) Initiation aux connaissances et aux outils de lutte contre la désertification, notamment ceux élaborés par le CILSS

Au début de la session, le Dr Sheick Khalil Sangaré, chef par intérim du Département Études et Recherche en Agriculture, Environnement et Marchés de l’INSAH, a souligné que les présentations n’étaient que de brèves synthèses d’une vaste quantité de connaissances.

Foresterie et agroforesterie

Le Dr Sangaré a d’abord fait une introduction sur la méthode de mise en défens, suivie d’une présentation sur la régénération naturelle assistée (RNA), puis sur la protection des berges.

Dans la première présentation, il a évoqué la « mise en défens » qui consiste à délimiter une partie du territoire d’un village, partiellement ou totalement, et à limiter l’accès des humains ou des animaux domestiques (grands et petits ruminants) pendant une période donnée afin de permettre à l’écosystème de se régénérer.

Dans la deuxième présentation, il a expliqué que la RNA réunit des moyens de protéger et de maintenir la croissance d’espèces locales ayant une valeur économique, sociale et culturelle privilégiée par les populations.  Il a ensuite abordé les objectifs de cette méthode et a présenté sa mise en œuvre à l’aide d’un diaporama ingénieux.

Gestion durable des terres

Dr Dagnon Didier Likpete
du CILSS/INSAH

Le Dr Dagnon Didier Likpete, expert en capitalisation/plateforme du CILSS/INSAH, a fait deux présentations : gestion et contrôle des feux de brousse, et lutte contre la salinisation des sols.

Dans la première présentation, il a souligné qu’une approche participative liée à la sensibilisation et à l’éducation de la population dans les zones ciblées doit être privilégiée, ce qui nécessite une collaboration étroite des différentes parties pour la gestion et le contrôle des feux de brousse.

Dans la deuxième présentation, il a détaillé les caractéristiques et les impacts négatifs de la salinisation des sols, suivis d’une discussion sur les méthodes de mise en œuvre chimique, mécanique et biologique.

Bonnes pratiques organisationnelles

Le Dr Sangare a fait une introduction au thème de la gestion participative des ressources forestières et fauniques. Il a expliqué que la gestion forestière englobe des dimensions sociales et écologiques, et que la forêt, en tant que patrimoine national, doit être gérée de manière nationale et équilibrée afin de garantir, à long terme, la satisfaction des besoins de la population tout en sauvegardant l’environnement.

Il a ensuite détaillé les méthodes de mise en œuvre liées aux sites de gestion forestière en matière d’impacts environnementaux, écologiques et socio-économiques.

Dans sa deuxième présentation, le Dr Sangare a décrit le cas des zones villageoises dédiées à la chasse (appelées ZOVIC, « Zone Villageoise d’Intérêt Cynégétique ») dans le cadre de la gestion participative des ressources fauniques.

 

Dr Maguette Kaire du
CILSS/AGRHYMET

À l’issue de ces présentations, M. Baidy Ba  a résumé les différentes discussions riches et bien informées qui ont eu lieu pendant la session.

Par la suite, des commentaires et des questions d’ordre technique ont été formulés par plusieurs participants, et les experts du CILSS/INSAH ont répondu à ces questions. Le Dr Maguette Kaire, expert en agro-hydro-météorologie (CILSS/AGRHYMET), M. Serigne Sengnane du CNCR du Sénégal, et SOS Sahel, ont participé aux discussions sur des sujets tels que la combinaison des méthodes mécaniques pour prévenir la salinisation des sols, et la densité des arbres par hectare pour la méthode RNA.

 

(2) Utilisation des connaissances et des outils par les pays membres de l’AI-CD dans leur propre contexte

M. Baba Ba,
Représentant du centre régional du Sahel

Dans cette session présidée par M. Baba Ba, représentant du centre régional du Sahel, des pratiques sur l’utilisation des connaissances et des outils pour l’élaboration de politiques et la formulation de projets ont été partagées par M. Kaba Diallo et M. Paul Tuwei, points focaux respectivement du Mali et du Kenya.

Mali

M. Kaba Diallo,
Point focal du Mali

Après une présentation générale du Mali, M. Diallo a expliqué le contexte environnemental caractérisé par la dégradation des terres, et a présenté les efforts du gouvernement concernant l’utilisation des connaissances et des outils de l’AI-CD au Mali.

Kenya

M. Paul Tuwei,
Point focal du Kenya

M. Tuwei a parlé de certains des outils en cours de développement au Kenya, tels que des sites Web en tant qu’outils de partage des connaissances, y compris le site Web du KEFRI  où les informations sur la recherche et le développement sont stockées et récupérées, et le portail Web du CADEP qui est utilisé pour saisir et documenter les informations et les bonnes pratiques dans la gestion durable des ressources naturelles. Il a également présenté une application appelée « KEFRIapp » qui peut aider les parties prenantes à planter des arbres au bon endroit afin de promouvoir une culture résiliente pour la restauration des terres et l’amélioration des moyens de subsistance. Il a soulevé quelques problèmes liés à la barrière de la langue et a expliqué que cela rendait l’application difficile à comprendre et à appliquer pour le public.

 

M. Seydi Ababacar Beye,
Expert en agroforesterie du projet RIPOSTE

À l’issue des deux présentations, des commentaires et questions ont été formulés par plusieurs participants dont le Dr Sangare du CILSS/INSAH et M. Seydi Ababacar Beye, expert en agroforesterie du projet RIPOSTE. Un des points communs mis en évidence dans leurs remarques était l’évaluation de l’impact de ces outils et stratégies développés pour le partage des connaissances.

 

(3) Introduction au partage des connaissances sur les contenus relatifs à l’AI-CD téléchargés sur le site Web

Lors de cette session présidée par le Dr Sangare du CILSS/INSAH, une introduction au partage des connaissances sur les contenus de l’AI-CD téléchargés sur le site Web a été faite par trois participants : le secrétariat de l’AI-CD, le CILSS et l’ICARDA.

Secrétariat de l’AI-CD

M. Takuya Shiraishi, du secrétariat de l’AI-CD, a donné un aperçu de l’AI-CD et a présenté l’outil de partage des connaissances, les collaborateurs et partenaires de l’AI-CD, la note d’information et de politique de l’AI-CD, un court métrage, ainsi que les points forts de la coopération japonaise.

CILSS/AGRHYMET

M. Gbamra Akounda,
Spécialiste SIG du CILSS

Tout d’abord, M. Gbamra Akounda, spécialiste SIG du CILSS, a présenté l’outil GEO-AOS, qui est un portail intégré du CILSS. Ensuite, le Dr Papa Alassane Mbaye, spécialiste chargé de la communication du centre régional AGRHYMET, a procédé à la présentation de la mise en place d’unebibliothèque numérique. Cette présentation a été suivie par celle du Dr Sangare, intitulée « Outils pour le partage des connaissances des meilleures pratiques », comprenant 350 meilleures pratiques dans différents domaines tels que l’agriculture, le changement climatique, la désertification, etc.

Dr Papa Alassane Mbaye
du Centre Régional AGRHYMET

ICARDA

Dr Claudio Zucca de l’ICARDA/Université de Sassari

Deux présentations ont été préenregistrées par l’ICARDA. La présentation du Dr Claudio Zucca, chercheur à l’Université de Sassari et représentant de l’ICARDA, portait sur les plateformes de partage liées à la Gestion Durable des Terres (GDT) et l’outil WOCAT , qui est un réseau mondial pour la Gestion Durable des Terres. La présentation préenregistrée de Mme Victoria Clarke était une introduction à la plateforme MEL (Monitoring, Evaluation and Learning), qui est l’une des principales ressources de données numériques de l’ICARDA, un élément de la collaboration avec l’AI-CD.

 

(4) Discussion sur une meilleure utilisation des ressources de partage des connaissances du CILSS

Au cours de cette session présidée par le chef de l’équipe de soutien du secrétariat de l’AI-CD, des discussions fructueuses ont eu lieu entre les participants, avec la participation de nombreux partenaires, dont le point focal de Djibouti dans la région de la Corne de l’Afrique.

Spécialiste de l’ICARDA

Le Dr Claudio Zucca a présenté ses compliments à tous les présentateurs qui ont fait un excellent travail en faisant preuve d’ingéniosité dans le partage des connaissances. Bien que de nombreux sujets de présentation ne soient pas nouveaux pour lui, il a remarqué qu’ils avaient été adaptés et présentés dans un format créatif.

Représentant du point focal de Djibouti

M. Deka Deka Elmi Hassan, représentant du point focal de Djibouti, a déclaré que les présentations étaient très utiles pour son pays. Ses collègues experts ont participé à de nombreux programmes de formation organisés par le KEFRI, et tandis que les anciens collègues du point focal sont maintenant tous à la retraite, le pays ne dispose que des nouveaux travailleurs qui ont besoin de plus de formations.  Ils apprécieront grandement la possibilité d’avoir plus de formations à l’avenir.

Représentant de SOS-Sahel

M. Carlos Hayibor
de SOS Sahel

M. Carlos Hayibor de SOS Sahel a soulevé la question au niveau de SOS Sahel. L’organisation gère une plateforme appelée PANGMV, composée d’une centaine d’acteurs non étatiques travaillant à la mise en œuvre du projet de la Grande Muraille Verte. Ils ont créé une plateforme basée sur une base de données de gestion des connaissances pour diffuser le partage des connaissances. Il a remarqué qu’il y a de nombreuses plateformes de partage de connaissances, et a rappelé qu’il faut éviter de « réinventer la roue ». Il faut plutôt penser à créer une synergie à travers un média par lequel le partage des connaissances opère.

Représentant de centre régional du Sahel

M. Baba Ba a soulevé deux questions principales : (1) trouver des stratégies pour diffuser les connaissances acquises tout au long de la réunion à la population locale, la principale CIBLE ; et (2) réfléchir à la manière dont les technologies développées (telles que le rouleau-semoir et le Porous Alpha ainsi que leur rentabilité) peuvent être rendues disponibles et accessibles à la population locale.

 

(5) Synthèse et voie à suivre

Représentant de centre régional du Sahel, et président de la session

En guise de résumé, M. Baba Ba a souligné que les participants avaient pris note de tous les enseignements tirés de l’expérience pratique, avec des difficultés majeures liées principalement au manque de financement pour la mise en œuvre des projets et, surtout, les défis liés à la durabilité des outils présentés par le Mali et la Corne de l’Afrique.

Secrétariat de l’AI-CD

Pour présenter la voie à suivre, le Dr Yusuke Goto du secrétariat de l’AI-CD a divisé les activités à mener en deux : avant et après l’AI-CD, qui seront discutées et présentées par le CILSS/INSAH, le secrétariat de l’AI-CD, les pays membres, ainsi que le centre régional du Sahel.

Département de l’environnement mondial, siège de la JICA

Mme Mari Miura,
Département de l’environnement mondial, siège de la JICA

Mme Mari Miura, du Département de l’environnement mondial du siège de la JICA, s’est félicitée de la forte participation des parties prenantes. Elle a estimé que le séminaire était très pertinent dans la mesure où de précieux outils de connaissance et d’information issus d’un travail de fond ont été partagés par le CILSS et d’autres organisations. Elle a terminé en remerciant tout particulièrement le MEDD du Sénégal, le CILSS, l’ICARDA, tous les points focaux et parties prenantes.

 

Au nom du point focal du Sénégal, M. Baba Ba a prononcé quelques mots pour clôturer le séminaire. Il a fait part de sa profonde reconnaissance au Gouvernement du Japon, au CILSS pour son soutien, et à tous les points focaux et parties prenantes.

*Note : Le titre de « Dr » utilisé dans cet article indique les personnes qui ont un doctorat.