Un événement culminant de l’AI-CD, organisé par l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), le ministère de l’Environnement et des Forêts (MEF) du Kenya et le ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD) du Sénégal, s’est tenu en ligne le 24 août 2022, en marge de la 8e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD8).
L’événement a réuni 101 participants, principalement des pays africains, des points focaux de l’AI-CD et des partenaires de développement.
L’objectif de cet événement parallèle était de partager les réalisations de l’AI-CD au cours des six dernières années et de discuter des moyens de rendre les pays du Sahel et de la Corne de l’Afrique (CdA) résilients au changement climatique en promouvant des mesures de lutte contre la désertification.
Les participants ont partagé toutes les réalisations de l’AI-CD en matière de réseautage, de partage des connaissances et d’accès au financement. Ils ont également indiqué la voie à suivre pour l’avenir, notamment la manière de poursuivre la collaboration au sein des pays de l’AI-CD et l’élaboration de projets susceptibles d’être financés qui répondent aux exigences des bailleurs de fonds. En outre, l’un des panélistes a suggéré que le moyen le plus efficace serait d’arrêter les opérations sectorielles et de développer des synergies par la coopération de toutes les parties prenantes pour lutter contre la désertification.
Enfin, l’événement parallèle s’est conclu par la confirmation du renforcement des partenariats entre les pays africains, les partenaires de développement et les organisations internationales pour lutter contre la désertification.
L’AI-CD s’est officiellement conclue lors de cet événement parallèle, comme prévu, par l’achèvement des activités planifiées qui ont débuté lors du lancement de l’AI-CD pendant la TICAD VI.
Points marquants de l’événement
SESSION 1 : Cérémonie d’ouverture
M. ONODERA Seiichi, vice-président principal de la JICA, a remercié les participants pour leur présence à l’événement dans son discours de bienvenue. Il a souligné le leadership fort du Kenya et du Sénégal au cours des six dernières années et a expliqué que cet événement est une occasion d’échanger des points de vue pour atteindre les ODD d’ici 2030.
M. Alfred Gichu, secrétaire à la conservation des forêts, a exprimé ses remerciements pour le soutien de la JICA au nom du ministre de l’Environnement et des Forêts du Kenya et a souligné que l’objectif de cet événement parallèle est de tirer les leçons des réalisations de l’AI-CD et d’identifier les opportunités afin d’aider l’Afrique à atteindre un développement à l’échelle mondiale.
M. Dominique Manga, chef de la Division Protection des Forêts, a prononcé un discours au nom du ministre de l’Environnement et du Développement Durable du Sénégal, mettant l’accent sur le fait que la dégradation des terres et la désertification sont les plus grands défis en Afrique et a souligné la gratitude du peuple sénégalais envers la JICA pour son soutien technique et financier.
Le Dr Joshua Cheboiwo, directeur de l’Institut de recherche forestière du Kenya (KEFRI), a présenté le livre « Drylands Forestry Research and Development in Kenya » (Recherche et développement en matière de foresterie dans les zones arides au Kenya) basé sur 37 ans de coopération entre le KEFRI et la JICA. Il a souligné le fait que le livre a été écrit principalement pour enregistrer les recherches et les développements, et partager les technologies, les techniques et les études de cas concernant les zones arides qui couvrent 80 % de la superficie du Kenya. À la fin de son intervention, il a remis une copie du livre au représentant en chef du bureau de la JICA au Kenya.
SESSION 2 : Partage des réalisations de l’AI-CD et discussion sur les perspectives d’avenir
Cette session a été consacrée au partage des réalisations de l’AI-CD au cours des six dernières années et à une discussion sur les moyens de rendre les pays du Sahel et de la région de la Corne de l’Afrique résilients au changement climatique en promouvant des mesures de lutte contre la désertification.
Le Dr Musingo Mbuvi (service de soutien à la recherche forestière du KEFRI, Kenya), au nom des pays de la Corne de l’Afrique, a présenté les réalisations de l’AI-CD de 2016 à 2022. Il a souligné que la tenue de forums régionaux et d’ateliers nationaux (Soudan, Soudan du Sud) est l’une des réalisations du réseautage. Pour l’accès au financement, il a mentionné que la création de notes conceptuelles de projet (NCP) et la facilitation de l’identification des opportunités de financement pour les points focaux sont des réalisations importantes. Quant à la voie à suivre, il a souligné la nécessité d’envisager une collaboration continue au sein des pays de la Corne de l’Afrique et de la région du Sahel. Enfin, il a suggéré d’établir des réseaux thématiques pour le partage des connaissances, l’évaluation des besoins et le renforcement des capacités sur la base de l’évaluation des besoins.
M. Baba Ba (ministère de l’Environnement et du Développement durable, Sénégal), au nom des pays de la région du Sahel, a souligné la tenue de forums régionaux et d’ateliers nationaux (Burkina Faso, Mali, Sénégal et Nigeria) comme autant de réalisations en matière de réseautage. En ce qui concerne le partage des connaissances, les points suivants ont été soulignés : (1) la tenue d’un séminaire de partage des connaissances sur les techniques et les technologies de lutte contre la désertification en collaboration avec le CLISS, (2) la création de courts métrages au Nigeria et au Mali pour présenter les activités de chaque pays relatives à l’AI-CD et de lutte contre la désertification, (3) la préparation d’une « Note d’orientation sur les connaissances et les politiques » dans laquelle sont élaborés des stratégies et des mécanismes pour mettre en œuvre l’accès au financement. Il a souligné que le Nigeria et le Mali ont soumis leurs initiatives respectives pour un financement, et que la proposition du Mali a été acceptée par la FAO, ce qui constitue une réalisation importante au niveau de l’accès au financement. Pour aller de l’avant, il a souligné la nécessité d’élaborer des projets susceptibles d’être financés qui répondent aux exigences des bailleurs de fonds.
M. Takuya Shiraishi du Secrétariat de l’AI-CD a présenté les réalisations interrégionales de l’AI-CD. En ce qui concerne le partage des connaissances, il a souligné (1) la création et la maintenance du site Internet de l’AI-CD et de pages sur les réseaux sociaux, et (2) la collaboration en matière de base de données avec l’ICARDA (http://aicd-africa.org/knowledge?ln=fr). En ce qui concerne l’accès au financement, il a souligné l’importance de l’implication du secteur privé à travers la promotion de nouvelles technologies telles que le tube biodégradable et le conditionneur de sol utilisant des verres usagés. Il a réaffirmé que la voie à suivre pour les pays de l’AI-CD était le renforcement des initiatives nationales pour développer et mettre en œuvre des projets basés sur les réseaux, les capacités et les opportunités développées par l’AI-CD et d’autres initiatives. Il a également souligné la nécessité pour les partenaires de l’AI-CD de poursuivre leurs efforts pour (1) renforcer l’harmonisation des initiatives mondiales/régionales afin de soutenir efficacement les pays, (2) maintenir et renforcer les partenariats et les dialogues entre les pays et les partenaires, et entre les principales parties prenantes nationales dans chaque pays, (3) renforcer la coordination au niveau national pour promouvoir des mesures afin de lutter de manière efficace contre la désertification.
SESSION 3 : Discussion de groupe
Le Dr Lucy Ng’ang’a, directeur adjoint des Accords multilatéraux sur l’environnement du ministère de l’Environnement et des Forêts du Kenya, le modérateur, a expliqué le but de la discussion de groupe et a présenté les trois sujets ci-dessous.
- Quelles sont les réalisations obtenues grâce à l’AI-CD et quels ont été les défis rencontrés lors de leur mise en œuvre ?
- Quels sont les mouvements récents et les orientations/stratégies futures des initiatives mondiales, telles que celles de la Grande Muraille Verte et d’autres organisations pertinentes, dans la lutte contre la désertification et le changement climatique ?
- Quelle est la voie à suivre pour les pays du Sahel et de la Corne de l’Afrique afin d’accélérer leurs efforts dans la lutte contre la désertification et le renforcement de la résilience au changement climatique ?
Premier sujet
Le Dr George Louise Tokporo Tadu (chercheur scientifique principal, chef de la recherche sur les racines et les cultures horticoles, ministère de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire, Soudan du Sud) a expliqué le lien que son pays a avec le centre régional de la Corne de l’Afrique qui a conduit à une formation au KEFRI sur l’établissement de pépinières communautaires, le développement de propositions, la restauration des terres dégradées, et la planification des terres.
Mme Mabel Emmanuel (directrice, gestion de la désertification, de la dégradation des terres et de la sécheresse, ministère fédéral de l’Environnement, Nigeria) a déclaré que l’AI-CD est un programme positif pour la campagne contre la désertification, et que le Nigeria en a largement bénéficié. En ce qui concerne les réalisations en matière de réseautage, elle a parlé des deux ateliers nationaux, en avril 2019 et en novembre 2021, qui ont donné lieu à la remise de deux documents techniques très instructifs par des experts universitaires. Pour le partage des connaissances, elle a mentionné le court métrage produit sur la désertification au Nigeria.
Deuxième sujet
Le Dr Elvis Paul (coordinateur de l’initiative de la Grande Muraille Verte (GMV) pour le Sahara et le Sahel, Union africaine) a souligné que l’AI-CD, la GMV et d’autres organisations qui luttent contre la désertification, devraient changer leur modus operandi existant et mettre l’accent sur les actions. En outre, il a souligné qu’il est nécessaire d’arrêter les opérations sectorielles, de rassembler toutes les initiatives et activités et de développer des synergies pour plus d’efficacité.
Le Dr Sheick Khalil Sangaré (chef par intérim du département des Études et Recherches en Agriculture, Environnement et Marchés, Institut du Sahel (INSAH/CILSS)) a informé les participants que leurs activités ont été principalement basées sur la mobilisation des ressources et la structuration régionale de la mise en œuvre des projets liés à la désertification et à la dégradation des terres en matière de transfert technique, de renforcement des capacités et de développement durable.
Troisième sujet
Le Dr Tadu a cité les trois points suivants : (1) synergie entre le secteur privé et le gouvernement, (2) développement de projets susceptibles d’être financés pour attirer les bailleurs de fonds, et (3) sensibilisation au changement climatique et à la dégradation des terres.
Mme Mabel a déclaré qu’il est nécessaire (1) d’engager les partenaires de développement et le secteur privé dans les programmes de restauration du pays, (2) de créer un effet de levier sur le réseautage et le partage des connaissances entre les principales agences gouvernementales impliquées dans les activités de restauration et (3) de mettre en place une plate-forme pour coordonner toutes les activités de restauration.
Le Dr Sangaré a suggéré de faire mieux connaître l’AI-CD, de promouvoir des politiques au niveau national, de mettre à disposition divers moyens et d’évaluer divers résultats. Il a également parlé de la nécessité d’aller vers des financements innovants et de mettre en place une stratégie de mobilisation des ressources techniques.
Le Dr Elvis a encouragé le développement de synergies entre les organisations qui ont des objectifs similaires. Il a ensuite exprimé sa volonté de demander au FEM, au FVC et aux autres bailleurs de fonds d’améliorer leur procédure de financement afin que les pays africains puissent recevoir suffisamment de fonds.
SESSION 4 : Cérémonie de clôture
M. Takashi Nishimura, directeur général adjoint du département de l’environnement mondial de la JICA, a finalement conclu l’événement parallèle en soulignant sa ferme volonté de renforcer les partenariats avec les pays africains, les partenaires de développement et les organisations internationales pour lutter contre la désertification.